Publiée en 1970, cette BD franco-belge fut initiatrice d’une longue série d’albums au space opera assumé lorgnant parfois sur les revendications écolo et politiques. Ecrit et conçu comme un récit “pour s’amuser” d’après leurs auteurs Christin et Mézières, cet album posait sans prétention aucune les bases de l’univers touffu dans lequel évolueront Valérian et Laureline. Les albums suivants durent être conçus en cohérence par rapport au matériau originel, ce qui causa du fil à retordre au scénariste Pierre Christin.
Découvrir La cité des eaux mouvantes quelques cinquante années après sa première publication est à la fois extrêmement rafraîchissant et quelque peu déstabilisant. On est en présence d’une oeuvre ancrée dans les années 70, positive et optimiste malgré son contexte (l’extinction de la Terre en 1986 par le nucléaire), et d’une naïveté déroutante dans ses dialogues et son action, parfois par trop fantaisiste.
L’action, justement, extrêmement dense, fait la part belle aux tribulations de nos héros, rencontrant des personnages allant du savant fou, nemesis du duo de héros au chef de gang new-yorkais bien situé dans le contexte de la fin des 60’s. Là où La cité des eaux mouvantes marque les esprits, c’est dans l’originalité des situations (New-York City inondée) et dans l’inventivité des technologies parsemant l’album, comme la bulle champ de force.
Graphiquement, Mézières réussit son casting de départ et dépeint la Terre en proie à l’apocalypse avec une certaine finesse. Dommage que les techniques de colorisation de l’époque ne rendent pas toujours justice à son trait.
Rafraîchissant dans l’esprit mais parfois déroutant de naïveté, La cité des eaux mouvantes est une bonne introduction à l’univers de Christin et Mézières (qui inspira George Lucas pour Star Wars sur certains aspects, rappelons-le).
La Cité des eaux mouvantes par P. Christin et J-C Mézières est publié aux éditions Dargaud