On ne présente plus Junji Ito, spécialiste ès manga horrifique, fauve d’honneur au festival d’Angoulême en 2023, auteur entre autres de Tomie ou Sensor. Après quelques années passées loin du sujet, il renoue avec son style de prédilection en écrivant et dessinant les sept histoires qui composent le livre que nous chroniquons dans cet article.
Commençons, une fois n’est pas coutume, par décrire la qualité de cette édition de Fragments d’Horreur. Le papier est de bonne facture, épais et fait honneur au trait du mangaka, et ce dans les moments du récit où l’horreur survient et où le contraste noir/blanc est absolument essentiel. La couverture cartonnée reprend “le cri” du peintre norvégien Münch, ainsi qu’une reprise de pages du manga sur fond de dégradés roses (couleur chair). Le travail de Mangetsu se place au-delà de toute critique possible tant il est à la hauteur des qualités de l’artiste.

Les récits sont plus ou moins intéressants, mais font mouche lorsque Junji Ito devient imprévisible dans sa narration. On s’attend malheureusement à la conclusion de “La Chuchoteuse”, quand deviner le dénouement de “Miss Scalpel” est impossible. Néanmoins, Ito parvient toujours à transmettre des univers et des personnages extrêmement originaux à travers ses récits. Impossible de ne pas être surpris par les situations toutes plus décalées et horrifiques les unes que les autres.
L’auteur maîtrise graphiquement son sujet, comme à son habitude, et met en scène des personnages féminins puissants et dominants quand les hommes sont dépeints avec leurs défauts inhérents, comme la lâcheté ou l’égoïsme.
Fragments d’Horreur est une réussite, et place de nouveau Junji Ito au sommet du récit horrifique qu’il avait délaissé quelques années, au même titre que Lovecraft ou Poe. A lire dans les conditions adéquates, le silence et la semi-obscurité, pour un effet garanti.

