SHADOW OF THE COLOSSUS, LE PARFAIT REMAKE ?

Le remake de Shadow of The Colossus par le studio texan Bluepoint, présenté en version jouable au PARIS GAMES WEEK 2017 (consultez notre article) nous avait fait une impression très positive sur le plan de la réalisation. Le chef d’oeuvre de Fumito Ueda est à présent accessible à tous dans cette version, et soulève essentiellement la question désormais classique : le remake est-il meilleur que l’original ? Globalement excellente et peu dénaturée dans son gameplay, cette version conserve néanmoins quelques défauts.

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Émotion et gameplay

Fumito Ueda peut être considéré comme l’un des grands maîtres de l’émotion partagée via le média jeu vidéo. Tout, dans Shadow of the Colossus, pousse le joueur à ressentir de forts sentiments (principalement d’ordre dramatique), du sound design excellent, allant de l’épique au tragique, à la narration relatant des événements d’une tristesse absolue. Mais, Fumito Ueda oblige, ces émotions sont amenées à grand renfort de subtilité et de poésie, parfois de contemplation. Amené à tuer 16 colosses afin de sauver sa belle, on ressent à travers les actes de Wanda, le personnage principal, aussi bien du remord que de la pitié pour les colosses à exécuter au fur et à mesure. Réellement l’une des grandes forces du titre, cette charge en émotion envahit de plus en plus le joueur au fil des parties et de la tuerie, jusqu’à atteindre un climax lors d’une conclusion relevant des plus grands moments de jeu vidéo sur le plan narratif.

Une première phase de recherche du colosse à abattre nous fait traverser les somptueux décors du jeu, aussi variés qu’oniriques, à dos de cheval ou à pied, parfois dans des phases de plates-formes. Les architectures ne seront pas sans rappeler Ico ou The Last Guardian, dans le plus pur respect de la patte artistique de Fumito Ueda. Il s’agit dans un second temps de déterminer la manière de vaincre le colosse, c’est-à-dire de trouver son point faible une fois que l’on a le moyen de se déplacer dessus, agrippé le plus souvent aux pilosités. Sanglantes, les séquences de coups d’épée d’estoc à répétition afin d’achever la bête sont extrêmement chargées en émotion, comme nous l’avons vu.

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De l’art du remake

Comme pour toute oeuvre d’art retravaillée ou recréée de toute pièce, on est en droit de se demander si l’oeuvre originelle a été dénaturée ou sublimée. En ce qui concerne Shadow of The Colossus, le pari est réussi (et l’auteur de cet article est réfractaire aux remakes de manière générale), tant et si bien que l’on se surprend à contempler les décors et les divers environnements (déserts, forêts, lacs, cavernes…) pendant ces moments de transition où l’on se met à la recherche du nouveau colosse à dessoudre. Le jeu original portait par contre beaucoup plus sur les tons sombres, à la limite parfois de la bichromie, tandis que ce remake offre une palette de couleur plus variée.

On sent tout le travail d’orfèvre de Bluepoint afin de ne pas ternir la patte artistique des studios de Ueda au début des années 2000. En terme de gameplay, le remake de Shadow of The Colossus ne trahit pas non plus son aîné, et l’habitué ne sera pas dépaysé, tandis que le nouveau venu sera nécessairement conquis, parfois frustré.

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Quelques défauts malheureux

Car tout comme l’original, ce remake présente quelques défauts en terme de maniabilité. Diriger Agro, la monture, n’est pas toujours de tout repos et le cheval bute trop souvent sur certains éléments de décor. Les chutes dans le vide nécessitent un long moment de reconnaisance avant le game over, et il y a un peu de clipping (nous avons joué sur PS4 “simple”). C’était sans compter les défauts inhérents au titre, comme une caméra parfois pas évidente à gérer impliquant une certaine difficulté à déplacer Wanda sur les colosses de grandes tailles (il n’est pas évident de repérer les axes – vertical et horizontal).

Hormis ces quelques défauts, ce remake de Shadow of the Colossus, chargé en émotion et en poésie, parviendrait à conquérir le coeur du joueur le plus réfractaire au travail de Ueda, Bluepoint Games ayant fourni un gros effort sur l’accessibilité du titre. Le voyage vaut amplement le détour, faisant de ce remake sans doute déjà l’un des meilleurs titres de 2018.

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