En 1986 naissait un jeu de rôle papier ayant comme particularité – entre autres- de proposer un système de combat des plus réalistes qui soit, système qui permettait au maître de jeu de dépeindre les coups critiques les plus violents avec beaucoup de précision. L’univers décrit (géographie, politique, religions), extrêmement touffu, se place à une époque que l’on situerait à la fin du Moyen-Age et au début de la Renaissance mâtinée d’une fantasy inspirée en partie de l’imaginaire de Tolkien, en beaucoup plus âpre et violent. En 2006, quelques vingt années plus tard et une version du jeu supplémentaire (Warhammer v2, pour les intimes) l’univers s’étoffe d’un roman (parmi beaucoup d’autres séries de livres avec la même toile de fond) intitulé La Marque de la Damnation, relatant les aventures de Karl Hoche, soldat de métier devenant malgré lui agent d’une organisation secrète vouée à infiltrer et détruire le Chaos. Le livre est tout simplement passionnant.
Dérogeons à la règle axant Subbacultcha.net selon le diptyque Jeux vidéo / Bandes dessinées et parlons un peu de romans (liés à la culture ludique malgré tout) de manière exceptionnelle. Intéressé par l’univers Warhammer (dépeint avec brio dans le jeu Vermintide II critiqué dans nos colonnes) depuis de longues années, l’auteur de cet article se devait d’en dévorer l’un de ses romans le plus plébiscité. Le roman s’ancre parfaitement dans l’univers du jeu de rôle, tant et si bien que certaines descriptions de blessures lors de joutes rappellent celles des coups critiques lors des longues parties autour d’une table et d’un maître de jeu. Le héros, Karl Hoche passe par diverses phases qui dépeignent parfaitement l’influence du Chaos sur les adeptes de Sigmar et le Vieux Monde dans son ensemble. Son parcours lui fera connaître une chute vertigineuse, une renaissance, une mutation, à tel point que son âme en deviendra torturée par la corruption du Chaos et sa loyauté envers l’Empire.
L’intrigue est parfaitement menée de bout en bout et les divers personnages mis en scène subissent coup sur coup trahisons, mensonges, corruption du Chaos à tel point qu’il est difficile de lâcher le livre, tant on est happé par cette intrigue à rebondissements, emmenant Karl Hoche aux quatre coins de l’Empire, permettant ainsi de décrire savamment tel ou tel lieu ou ville. Certains passages sont clairement à déconseiller aux âmes sensibles, mais tel est l’univers de Warhammer: cruel, impitoyable et gore. Ainsi, au-delà de la description de l’univers, très plaisante pour le fan de la licence, c’est réellement la narration qui offre un intérêt non négligeable pour le lecteur.
La Marque de la Damnation par James Wallis convient aussi bien aux aficionados de la licence de Games Workshop qu’aux amateurs de romans à intrigues bien élaborées, mettant en scène de multiples personnages aux jeux de masque complexes qui n’auront pas l’âme trop sensible et sauront survivre émotionnellement aux diverses descriptions propres aux rites de sectateurs de Dieux du Chaos. Un réel plaisir de lecture à conseiller sans hésitation.
La Marque de la Damnation, de James Wallis a été publié en France en 2006 aux éditions Bibliothèque Interdite.