Il est des jeux qui laissent une forte empreinte dans l’esprit des joueurs, impérissable… La série des Shoot them ‘ up Thunder Force de Technosoft en fait partie : énergiques, trépidants, violents, inégalés au niveau sonore (que l’on parle des impacts ou des musiques), graphiquement hallucinants et hallucinatoires (pourvus d’effets de distorsion à faire pâlir d’envie un demo maker Amiga), ces SHMUPS ont été comme une révélation pour tous les possesseurs de Mega Drive, convaincus par ces prestations que leur machine – à raison, était la plus performante du marché. En 1990, les mêmes développeurs pondent un autre petit bijou : Elemental Master. Mélange entre Commando pour le gameplay et Thunder Force III pour l’esthétique et le son, ce titre est proche du hit à bien des égards.
« It’s time to meet your master ! »
Tout commence quand Laden fait enfin face au Gyra, le seigneur des ténèbres, et veut mettre fin à son joug. Mais surprise, le Gyra se démasque et révèle sa véritable identité ; il est en fait Roki, le frère du héros susnommé. Hébété, Laden ne réagit pas et Roki lui dévoile ses plans avant de disparaitre. Tout cela est expliqué à travers une séquence d’introduction en images fixes, parfois animées du meilleur goût (de la japanimation typée années 80). Du bon goût, parlons-en, puisque ce run and gun médiéval fantastique présente tous ses écrans d’option et de choix de levels sous forme de vieux parchemins…
“Master of Puppets I’m pulling your strings!”
C’est donc à la manière d’un Thunder Force que l’on choisit son niveau de départ. Quatre choix sont proposés : le mont volcanique (à choisir en deuxième à mon avis), le canyon (premier choix judicieux), la forêt et ses mages noirs (injouable, donc à choisir en dernier lieu), et enfin la plaine aux centaures. En mode normal, il faut terminer un level entièrement pour débloquer un nouveau pouvoir magique et quelques bonus, indispensable pour pouvoir terminer le level suivant, et ainsi de suite … Seulement deux directions de tir sont disponibles, vers le haut et vers le bas, ce qui fait qu’ Elemental Master n’est pas vraiment un run and gun (où toutes les directions de tir sont possibles, dans le style de Mercs ou de Commando), et se rapproche plutôt du Shoot Them Up à scrolling vertical. Car les pouvoirs magiques ne sont pas sans rappeler la série des Thunder Force (encore eux !) , que ce soit le tir de base (double) ou le tir large, qui rappelle le « wave » bien connu des amateurs de bons SHMUPS. Les power-ups sont de la partie, bien sûr : le miroir permet de se multiplier pour élargir son champ d’action, la boule de cristal sert de bouclier, le calice augmente la jauge de vie et la grappe permet d’en récupérer. Une fois les quatre niveaux terminés, on passe au stage 5, encore plus ardu que les quatre premiers.
« Your life burns faster. Obey your Master, Master »
La difficulté d’Elemental Master, parlons-en : très franchement, elle est à s’arracher les cheveux, dès le mode normal. Il faut connaitre le jeu quasiment par cœur, le pattern des ennemis sur le bout des doigts pour parvenir à avancer un tant soit peu dans les différents niveaux. Certains boss sont presque inatteignables, et on est pris de court lorsqu’on finit par les approcher, puisqu’ils sont également très durs à vaincre. Dès que l’on perd une vie il faut recommencer le niveau depuis le début pour ré-atteindre le boss. La tactique idéale étant de conserver le bouclier jusqu’à lui pour avoir le temps d’étudier ses mouvements, mais croyez-moi, ce n’est pas une mince affaire. Les éléments du décor sont eux aussi piégés, entre les flammes qui peuvent apparaitre à n’importe quel moment, en surgissant du sol, le vent qui peut déporter Laden dans n’importe quelle direction et les plans d’eau qui ralentissent l’avancée.
”Just call my name coz’ I hear you scream, master,master ! “
Une des raisons qui m’a poussé à acheter ce jeu les yeux fermés est le label Technosoft (qui s’appelait Tecnosoft à l’époque), réputé pour ses partitions musicales dantesques. J’ai été servi sur un plateau d’argent par ce titre. Des guitares numérisées aux envolées médiévales épiques sur fond technoïde, en passant par des sonorités d’impact défoulantes au possible, tout est présent pour accompagner une action trépidante. Seul le dernier niveau est mal servi sur le plan musical. Mais le design, moins réussi, n’est pourtant pas en reste…
« Twisting your mind and smashing your dreams »
Comme d’habitude, la version 60 hertz est beaucoup plus colorée, rapide et efficace. Elle est donc à préférer à une version PAL. Les rétines sont agréablement flattées par une palette de couleurs malgré tout dans des tons assez sombres, propres à un univers fantasy adulte. Les décors sont donc juste assez détaillés pour un rendu des plus plaisants : ils sont complètement ouverts ou présentent des obstacles réduisant les déplacements (je pense au niveau du canyon, où les parois sont parfois en mouvement). Ils sont toutefois assez simples, ce qui facilite la lisibilité du titre, et heureusement, dirais-je, au vu de sa difficulté plus qu’excessive. Les sprites sont corrects sans briller, mention spéciale au sprite de Laden. Le jeu séduit surtout techniquement par les animations, notamment celles des centaures, magnifiques. Le bestiaire est très varié et va de l’ogre qui pousse de gros rochers au mage noir en lévitation, en passant par l’homme lézard agressif. Les bosses sont variés et assez gigantesques, mais malheureusement pas colorés pour deux sous.
Pour conclure, Elemental Master est un bon jeu à la difficulté éprouvante pour les nerfs et la concentration du joueur, et cela même en mode facile. Techniquement réussi, il fait pourtant pâle figure à côté de Thunder Force III, sorti la même année. C’est son originalité qui en fait un titre digne d’intérêt et recommandable et avant tout ses musiques fantastiques…
Scénario : 14/20
Bande-son : 18/20
Gameplay : 15/20
Durée de vie: 16/20
Réalisation: 14/20
Verdict : 15/20
Article publié en août 2009 sur Oldiesrising.com