On se souvient de Wonder Boy, testé dans nos colonnes, qui alliait haute difficulté à platforming d’un genre un chouïa novateur, avec barre de vie incarnant un chronomètre fatidique pour le joueur. Super Adventure Island reprend ces concepts en enjolivant le soft et en y rajoutant de nouveaux éléments de gameplay. Takahashi Meijin, alias Master Higgins dans la version occidentale, peut désormais faire de très hauts sauts en maintenant la croix directionnelle vers le bas avant d’appuyer sur le bouton B (super Jump). Takahashi prendra alors une attitude conquérante en plein vol, à mille lieues de la démarche bonhomme à laquelle il nous habitue tout au long du titre. Très utile pour atteindre certains endroits hauts perchés, des plates-formes mouvantes, des fruits en hauteur (permettant de remplir la barre de vitalité) ou pour éviter des salves ennemies (le totem cracheur de feu faisant office de boss dans le premier niveau en étant l’exemple le plus révélateur), le super jump est indispensable au bon déroulement du jeu. Ce dernier présente d’autres nouveautés, comme un scrolling passant de l’horizontal au vertical fréquemment sur certains stages, un boomerang aux effets ravageurs (que l’on peut projeter dans quatre directions différentes) et un système d’upgrade permettant d’envoyer jusqu’à trois tomahawks ou boomerangs d’affilée, puis d’en améliorer les dégâts. Takahashi peut également revenir sur ses pas, au cas où il aurait malencontreusement raté l’obtention d’un objet lors d’un premier passage.

A la fois beaucoup plus souple que dans Wonder Boy, mais tout de même calibré au millimètre, le gameplay de Super Adventure Island est un franc succès : on ressent toujours la pression de ne rentrer en contact avec aucun ennemi sous peine de mort immédiate, mais sans le stress inhérent au premier opus, où les situations étaient parfois d’une difficulté extrême en terme de nombre d’ennemis à l’écran ou de plateformes mouvantes. Cinq niveaux divisés en trois stages chacun, une variété dans les situations rencontrées offrant une replay value importante, malgré des patterns à connaître par cœur (que ce soit ceux des boss, des pingouins agressifs ou des petits slimes noirs sautillants) sont garants d’une durée de vie conséquente pour le soft, qui dispose en sus de continues infinis faisant redémarrer le niveau. On pourra également noter l’extrême difficulté ressentie lors de l’affrontement face au boss final, Fat Dragon. L’élément qui ajoute le plus à la replay value du titre sont ses musiques, magnifiques…
Yuzo Koshiro signe ici l’une de ses performances les plus intéressantes, dans la variété des styles abordés et la qualité sonore des BGM. On se souvient des styles house, techno et trance mis en avant dans la série des Streets of Rage, de l’orientation médiévale que prenaient les musiques d’Actraiser. Le maître, en véritable touche-à-tout, opte ici pour des compositions funky, hip-hop, reggae et même calypso. Véritable régal pour l’ouïe, la bande-son allie des lignes de basse pesantes à des envolées de cuivres couplées à des voice samples et des scratches de grande qualité. Dansantes, rythmées et entrainantes, les musiques du soft sont telles qu’il m’est arrivé à plusieurs reprises de mettre le jeu en pause pour en savourer les sonorités jazzy et les sifflements festifs. Le processeur sonore de la Super Famicom crache ici ses meilleurs grooves!

L’identité graphique des Adventure Island est conservée, la cartouche proposant un vaste panel de couleurs décorant des backgrounds variés, parfois rafraichissants et ensoleillés, parfois sombres et caverneux, mais toujours en adéquation avec l’esprit Adventure Island tant apprécié. Animés avec brio et humour, les sprites offrent un rendu proche du dessin animé. On n’a plus droit ici à la coupe transversale du sol et aux différentes couches terrestres à l’instar d’un Wonder Boy ou d’un Adventure Island mais à de fort beaux dégradés de couleurs. Le rendu des décors reste malgré tout relativement sobre : pas de parallax à foison ou de distorsion à tort et à travers ici. Cependant, il offre une lisibilité à même de coller avec le gameplay de platformer du soft. Nul besoin de trop charger l’écran en fioritures lorsqu’on a besoin d’être précis.
Super Adventure Island offre une expérience de jeu plaisante et assez variée pour mériter d’être réitérée. Le platformer est une osmose parfaite entre gameplay amélioré par rapport au premier jeu sur NES, graphismes colorés et fins, animation réussie, univers délirant et surtout musiques fantastiques… L’homme capable de tapoter un pad 16 fois en une seconde méritait bien ce vibrant hommage sur Super Famicom.
Article publié le 16/04/2010 sur OldiesRising.com