Chronique : Bibliomania

Voici un bien bel ouvrage que nous proposent les éditions Mangetsu : Bibliomania, un one-shot horrifique inspiré d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, arborant une couverture inédite pour la France dont la réalisation a retardé de quelques mois la parution du manga. Rouge et noire avec une tête de monstre mise en avant par un léger relief, cette dernière attire tout de suite l’œil et donne envie d’ouvrir ce livre…

            Si l’édition est des plus belles entre cette couverture rigide et de qualité, l’arrondi de la tranche, le papier épais ou encore le ruban marque-page, les dessins contemplés en ouvrant l’œuvre sont assez décevants. Très simplistes, ceux-ci sont crayonnés dans des décors bien souvent vides et encadrés par des cases volontairement tracées maladroitement avec un trait épais. Les deux personnages principaux, Alice et le « gérant » du livre dans lequel elle se retrouve enfermée, sans être dénués de toute originalité, manquent cruellement de charisme et ne sont que peu expressifs. Il faut dire aussi que ce manga est le premier pour Orval (scénariste) et Macchiro (dessin) et que cela explique peut-être une certaine fadeur. L’enthousiasme retombe donc comme un soufflet à la lecture du début de cette œuvre. L’intrigue est exposée rapidement : si Alice veut sortir de ce livre dans lequel elle est entrée on ne sait comment, elle va devoir traverser toutes les chambres, de la sienne, la 431, à la 000, avant qu’un 666e occupant n’arrive et scelle à tout jamais le sort des personnes coincées ici.

Problème : plus Alice avancera de chambre en chambre, plus son corps pourrira et, vu le chemin à parcourir, retrouver sa liberté avant de mourir paraît impossible. Bon, cela n’a pas beaucoup de sens mais pour un manga qui s’inspire d’Alice au pays des merveilles, l’absurdité de cette quête et de l’univers créé n’a rien d’étonnant. Malheureusement, à la différence du monde captivant de Lewis Caroll dans lequel chaque rencontre faite par Alice est un vrai régal, ici, nombreuses sont les chambres traversées et les personnages rencontrés inintéressants. On tourne les pages rapidement et on suit la progression d’Alice sans véritable entrain, bien qu’il y ait parfois quelques bonnes idées et que la lecture ne soit pas complètement désagréable. Il peut même y avoir, dans le dessin, quelques petits coups de génie soudains qui contrastent énormément avec le reste de l’œuvre. En outre, l’histoire tient plutôt la route et offre au lecteur une véritable fin. Cependant, malgré certaines qualités, la magie ne prend pas et l’œuvre peine à nous embarquer dans cet univers dont la dimension horrifique, à côté d’un Junji Ito chez le même éditeur, peine à convaincre et à satisfaire.

            Ainsi, Bibliomania s’avère être un manga assez quelconque, pas vraiment bon mais pas franchement mauvais non plus. Il se lit d’une traite mais s’oublie certainement aussi vite. N’est pas Lewis Caroll qui veut !

Bibliomania sera disponible le 29 mars 2023 aux éditions Mangetsu au prix conseillé de 22,95€.

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