Ce manga signé Kazuto Mihara nous narre les états d’âme (et de corps) du jeune Oniyasha, futur Zeami, soit le créateur du théâtre Nô. Centré sur le 14è siècle au Japon et un art relativement peu connu en occident, publier un tel ouvrage était sans nul doute un pari osé pour l’éditeur Vega Dupuis. Le pari est largement tenu, comme les lignes suivantes vont le démontrer.
Oniyasha est régulièrement blâmé par son père pour n’être qu’un piètre danseur. Il décide ainsi, au gré de rencontres toutes plus essentielles les unes que les autres, de trouver la solution à l’énigme qui le taraude : dans quel but a été créé le corps humain ? S’est-il créé dans un processus dédié à l’art, à la danse ?

Le Japon du 14e siècle est dépeint en filigrane de façon parfois sociale, puisque Oniyasha est amené à rencontrer des personnages issus de toutes les couches d’une société féodale extrêmement hiérarchisée, rappelant parfois de grands moments des mangas des années 60.
On ressent la qualité du trait de Kazuto Mihara, ancien assistant de Takehiko Inoue, dans l’épure, le dynamisme de l’action ainsi que dans la mise en page, parfaitement maîtrisée. The World is Dancing offre de magnifiques dessins, dépeignant des situations imprégnées d’une poésie inhérente au Nô.
The World is Dancing peut s’enorgueillir d’atteindre de véritables sommets en matière d’originalité, de narration et de dessin. Suivre les rencontres du jeune Oniyasha et son évolution aussi bien affective que technique est d’autant plus sublimé que son écrin est magnifique. Les graphismes épurés permettent un dynamisme indispensable dans le cadre d’une œuvre traitant de la danse. On apprécie également l’aspect culturel, le partage de connaissance sur cet art qu’est le Nô, transmis de façon subtile.
The World is Dancing est publié par Vega Dupuis depuis le 5 janvier 2024 et est disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 11€.

