Les années passent et les épisodes canoniques d’Ys se succèdent depuis l’ère MSX. Adol a toujours les cheveux rouges, et il s’agit toujours de jeux typés A-RPG. La qualité globale et la réputation de la série étant aujourd’hui très largement installées, que dire du dixième épisode, très largement inspiré des mythes nordiques ?
Initialement développé pour la Nintendo Switch, Ys X Nordics tourne particulièrement bien sur cette plateforme, au contraire des quelques épisodes précédents, dont les versions Switch étaient laissées pour compte. Cela étant, ce dixième opus est loin des prouesses techniques des canons de l’A-RPG sur la console de Nintendo. Clipping intempestif comme rendus aquatiques hasardeux ou textures à la qualité à peine perceptible sont au programme. Beaucoup de joueurs auront sans doute jeté l’éponge après quelques heures de jeu, sans doute.
Bien mal leur en aura pris ! Car, osons le dire, Ys X est un excellent titre, sur lequel aficionados de la licence comme nouveaux-venus un peu persévérants prendront un immense plaisir. Parcourir les mers et participer à des combats navals à terme bien ficelés, apprécier un scénario de qualité comme un character design réussi ou encore, et surtout, des combats très riches en options sont autant d’atouts qui font d’Ys X Nordics en version localisée l’un des jeux indispensables de 2024.






Le système de combat se pare d’un nombre élevé de coups spécifiques utilisables dans diverses situations : tel coup tranchant sera plus efficace sur certains monstres que tel autre coup explosif. Les dits coups consomment des PC qui se rechargent au fil du temps; il convient donc d’utiliser ceux-ci avec la meilleure optimisation possible.
En parlant d’optimisation, il est à noter que le système de progression des deux personnages principaux permet une personnalisation assez originale. Enfin, au rayon des qualités, notons également des activités assez variées (crafting léger, pêche, base mobile à développer), et, encore une fois, ces combats navals qui deviennent trépidants après les quelques premiers didacticiels du jeu. Développer l’armement de son voilier, le placer au bon endroit au bon moment en régulant sa vitesse afin de foudroyer l’adversaire de salves de boulets de canons s’avère tout à fait palpitant.
Les esprits les plus chagrins pourront s’indigner de mouvements de caméras parfois improbables dans les combats, ou encore de murs invisibles tristounets, qu’ils soient implémentés sur terre ou lors de phases de navigation. (On regrettera également le vocabulaire d’argot contemporain parsemant certaines lignes de dialogues (« relou »), peu raccord avec l’aspect méd fan du titre.)
Et ils auront, encore une fois, tort de s’arrêter à ces défauts, tant le level design du jeu est exemplaire : certaines phases en donjons requérant par exemple l’emploi d’un “hoverboard” à des endroits précis, imprégnant Ys X d’une belle verticalité. D’autres nécessitent une sorte de fonction “focus” permettant de faire apparaître des plateformes ça et là permettant de progresser.
Un dernier mot sur les musiques, très réussies également, proposant des sonorités teintées de guitare électrique ainsi que des rythmes parfois endiablés, dès lors que l’on pose les pieds sur telle ou telle île.
Ys X est un action-RPG japonais digne des plus grands jeux du genre. Riche en optimisation des personnages et en combat dont le game system offre des possibilités très variées, il propose comme originalité de pouvoir gérer et améliorer une base mobile – un voilier – et de pouvoir y recruter les NPC une fois libérés du joug ennemi. Pas vraiment beau sur le plan technique, mais réussi en termes de character design, il propose une excellente expérience de jeu à tous les amateurs du style. Attention, par contre, les joueurs chevronnés préféreront éviter le mode de difficulté “normal”, tant celui-ci relève presque du parcours de santé.

