Après avoir fait les belles heures de la PlayStation première du nom, et ce en particulier au Japon, où il atteignit le statut de jeu culte (près d’un million et demi d’exemplaires vendus, un immense record à l’époque) , PaRappa the Rapper fut d’abord porté il y a quelques années sur PlayStation Portable, et depuis peu remasterisé sur PlayStation 4. De phénomène fondateur dans les années 90, la création de Masaya Matsuura a-t-elle été reléguée à l’arrière-plan de la scène du jeu musical aujourd’hui, ou son gameplay est-il toujours d’actualité ?
I GOTTA BELIEVE !
En terme de gameplay et de concept, PaRappa avait défrayé la chronique à l’époque, comme nous l’expliquons dans notre dossier consacré à l’histoire du jeu musical. Appuyer en suivant des séquences rythmiques sur six boutons de manière alternée est devenu un standard du jeu de rythme. Ne revenons pas sur un gameplay qui a fait ses preuves et a été transcendé par les jeux Project Diva de Sega ou Theatrhythm Final Fantasy ces dernières années. Sur le plan artistique, ce qui faisait mouche en 1997 laisse à désirer aujourd’hui, d’autant que les séquences vidéo semblent être compressées comme à l’époque, et pixellisent énormément.
Les séquences de jeu, elles, remasterisées en 16/9, sont beaucoup plus intéressantes, et remises aux normes des standards actuels.
Ainsi, le délire artistique de Rodney Greenblat (animaux rappeurs, 2D et 3D combinées) reste intéressant si tant est que l’on est nostalgique des plus grands moments de la première PlayStation et des années 90, et si l’on souhaite revoir les diverses cinématiques dans leur qualité d’origine. Le jeu ravive de nombreux souvenirs, en bonne madeleine de Proust humoristique. Le songwriting hilarant ainsi que les airs de rap choisis sont du meilleur goût. Le cinquième morceau du jeu propose par exemple de négocier la place de PaRappa dans une file d’attente pour les toilettes et nous fait à nouveau rencontrer les protagonistes d’ores et déjà vaincus dans un cadre propice au fou rire. Chacun des adversaires rencontrés devra être affronté dans une joute rap digne des grands moments de la culture hip-hop. Cerf rappant au volant d’un véhicule d’auto-école, grenouille aux relents de reggae, poule-cuistot au flow verbal délicat à imiter… Chacun de ces personnages fera écho chez les plus anciens joueurs. Quant aux nouveaux venus…
TOUT EST DANS LE GROOVE, BABY !
Les plus jeunes d’entre nous seront sans doute déroutés par la direction artistique réellement vieillotte du titre, tant les nouvelles générations sont abreuvées de dessins animés techniquement bien supérieurs aux vidéos de ce remaster qui accuse tout de même le poids des années. Les séquences d’animation en 4/3 sont telles qu’elles ont été conçues il y a 20 ans, et compressées de la même manière. Autant dire qu’à côté de n’importe quelle séquence d’animation produite après 2015, les vidéos frôlent le mauvais goût visuel, bien malheureusement, et ce malgré l’univers charmeur de l’IP, acidulé et humoristique à souhait.
Assez ardu dans son ensemble si l’on n’a pas le sens du ryhtme et que l’on se limite à répéter techniquement les séquences de rap en appuyant sur les boutons, PaRappa the Rapper nécessite son content d’entrainement, même s’il reste plus accessible qu’un titre estampillé Hatsune Miku. Il convient de bien mémoriser les mélodies et de suivre son instinct et les notes plutôt que de tenter une approche par trop visuelle.
Parappa the Rapper version 2017 ne conviendrait-il donc qu’aux joueurs nostalgiques ? Son univers délirant ne trouverait-il son public que chez les joueurs plus que trentenaires ? Sans doute, au vu de la concurrence féroce que se livrent les jeux musicaux aujourd’hui. On joue au titre avec un plaisir certain, globalement empreint d’une immense nostalgie. On se réjouit également du travail de préservation de certaines séquences retravaillées, en souhaitant que les nouvelles générations puissent apprécier les efforts de création d’une époque révolutionnaire pour l’industrie du jeu vidéo (l’avènement de l’ère PlayStation), en émettant pourtant un doute quant à la manière dont lesdites générations vont appréhender les cinématiques non-remaniées du titre. Espérons que le jeu, fondateur, parvienne tout de même à trouver une reconnaissance méritée aujourd’hui, aussi bien chez les nostalgiques épris d’histoire du médium que chez les plus jeunes, extrêmement exigeants.