Retour sur : Pathfinder Kingmaker DE

Lorsque le kickstarter fut lancé en 2017 par le studio russe alors peu connu Owlcat Games, on ne s’attendait pas à un résultat si brillant lors de sa sortie sur PC en septembre 2018. Un peu moins de deux ans plus tard, que vaut le portage sur console du digne héritier de Baldur’s Gate 2 ?

Au commencement, le personnage

Exceptionnellement riche, la création du personnage vous prendra énormément de temps tant les possibilités sont nombreuses. Classes, races, talents, sorts, tout est présent afin de modéliser votre personnage au plus près de vos envies. Même l’alignement qui souvent n’est que gadget, prend ici une véritable importance. A tel point que vos agissements pourront aller jusqu’à changer votre alignement ce qui aura pour conséquence éventuelle, de perdre tous vos talents. Un paladin par exemple se verra perdre ses capacités s’il tourne le dos à son dieu et devient mauvais. Donc veillez à ne pas prendre votre alignement à la légère.

Ensuite l’aventure.

De prime abord, le portage semble être une merveille. Les personnages répondent au doigt et à l’œil, et le combo clavier/souris est parfaitement reproduit pour la manette. Grâce à un très bon système de discussion, on est tout de suite pris dans l’aventure et les premiers combats s’enchaînent sans aucun problème. Là où l’on pouvait parfois regretter des combats illisibles sur Pillars of Eternity, ici il n’en est rien et tout se déroule à merveille.

Puis la déception.

Malheureusement, si les premières heures sont du plaisir brut tant le soft d’Owlcat Games est brillant, on déchante très vite. Premièrement, on est sans cesse interrompu par les nombreux écrans de chargement qui nous sortent petit à petit de l’aventure. Vivement l’arrivée des Xbox Series X et PS5. Ensuite, on constate un gros problème de ralentissement dès que l’on arrive sur des combats avec beaucoup d’ennemis. Le jeu devient tout bonnement injouable : on a l’impression de jouer à Microsoft Flight Simulator sur un vieil Amiga 500. Ce qui achève le reste de plaisir et de motivation (et dieu sait que j’en avais) sont les nombreux bugs et notamment ceux en lien avec les sauvegardes. Plusieurs fois lors de ma partie, après une défaite, je pensais reprendre ma sauvegarde manuelle mais cette dernière me renvoyait dans un lieu totalement différent et ce à plusieurs reprises. Si bien qu’après plusieurs tentatives, ces graves problèmes ont eu raison de ma volonté.

A l’heure actuelle, il m’est impossible de poursuivre le test tant les problèmes d’optimisation sont sérieux. Il faudra attendre que le jeu soit patché afin de pouvoir vous livrer un avis définitif.

[MAJ]

Après de longs mois, j’ai enfin pu reprendre le jeu depuis le début. Si les bugs semblent tous avoir été corrigés, le plus gros et fatal des problèmes concernant les sauvegardes corrompues a lui aussi été rectifié.

De la politique et de l’aventure

C’est donc reparti pour mon aventure se déroulant dans le monde de Golarion, dans la ville de Restov. Lors du banquet d’ouverture, la seigneuresse des lieux Jamanda Aldori proposera aux aventuriers présents de partir pour les Terres Volées afin d’y ramener un semblant de paix. Ces territoires sont depuis trop longtemps la proie de brigands et monstres de tout poil. Le but premier sera de reprendre une partie de ces terres à un seigneur de guerre auto-proclamé qui règne en tyran sur les populations locales. Si la mission est un succès, vous vous verrez octroyé le titre de baron-ne et vous devrez gérer votre jeune baronnie. Et c’est là que les choses vont clairement se complexifier. En effet, Pathfinder Kingmaker n’est pas fait pour tout le monde ! Si vous n’avez jamais touché à un RPG du style Baldur’s Gate, Planescape Torment ou encore Pillars of Eternity, vous allez en baver. Si par contre vous êtes rompu à ce genre de jeu, vous allez en baver aussi, mais un petit peu moins.

Premièrement, le jeu est parfois très étrange dans sa difficulté. Vous pouvez enchaîner les combats sans trop de problèmes puis, soudain, tomber sur un ennemi qui vous terrassera rapidement si vous ne préparez pas correctement votre équipe d’aventuriers. Il faudra clairement une équipe homogène et monter ses personnages de manière consciencieuse. Vous serez très vite submergé-e par la quantité astronomique de buffs, sorts et autre. Il ne faudra donc pas hésiter à passer de longs moments dans les menus des personnages afin d’accomplir correctement la progression de ces derniers. Pathfinder faisant la part belle aux mages et lanceurs de sorts, ne partez pas à l’aventure avec uniquement une bande de barbares armés jusqu’aux dents. Vos pérégrinations ne dureront pas bien longtemps dans cette région envahie par toute sorte de vermine !

De la mécanique de jeu et du travail besogneux

Dans chacun des chapitres, votre progression est soumise à un compte à rebours. Dès l’entame d’un nouveau chapitre, il faut en priorité s’atteler à gérer la crise principale. Si vous perdez trop de temps, vous risquez un joli « game over » des familles. Sachez tout de même que nous parlons d’un RPG chronophage d’une durée de vie gargantuesque. Un « game over » ici après 60 heures de jeu au compteur fait autrement plus mal que sur une partie de Tetris ! Expérience vécue, veillez bien à avoir une sauvegarde par-ci par-là. Le compte à rebours principal est toujours visible mais il existe également des quêtes (notamment les quêtes compagnons) qui pourront échouer si vous ne les faites pas dans un certain laps de temps. Laps de temps absolument inconnu.

Dans le même temps, il vous faudra améliorer votre royaume et choisir des conseillers qui règleront les « crises » et les « opportunités ». Pour les opportunités, si le conseiller que vous avez désigné réussit son mandat, vos caractéristiques de royaume augmenteront (culture, loyauté, militaire, magie, stabilité, etc.). Par contre, s’il le rate, il n’y aura aucune incidence. Les opportunités ne sont que bonus donc à faire si vous avez des conseillers libres. La priorité ira aux « crises ». En cas d’échec de ces dernières, vous perdrez des points de royaume, ce qui pourra déboucher sur un écroulement de votre royaume et, là aussi, vous serez bon-ne pour un « game over ». Dur.

Cette issue m’est malheureusement arrivée mais, par chance, grâce à une sauvegarde je n’ai perdu qu’une dizaine d’heures, j’ai ensuite pu rectifier le tir mais il s’en est fallu de peu pour que tout soit totalement perdu. Vous l’aurez compris, Pathfinder Kingmaker est extrêmement punitif. Vos choix et actions auront un impact fort sur la vie de vos personnages et sur les fins possibles mais ils peuvent également ruiner votre partie et vous obliger à recommencer.

Avec bonheur, Owlcat Games offre aux joueurs un large choix et options se rapportant à la difficulté. En plus des traditionnelles « facile », « difficile » et consorts, vous pouvez vraiment peaufiner votre partie, et notamment la gestion et destruction de votre royaume. Une option « royaume indestructible » est par exemple bienvenue. Cela ne changera rien quant à la gestion de votre baronnie mais cela empêchera tout de même une fin tragique. Ouf !

Concernant vos nombreux compagnons, selon vos choix, un peu à la manière de la mission suicide de « Mass Effect 2 », ils pourront purement et simplement tous mourir lors du dernier chapitre. Il est donc impératif de réaliser pour chacun d’entre eux ses quêtes respectives et faire les bons choix au bon moment. Lors de ma partie, j’ai réussi à sauver la vie de l’ensemble des compagnons, preuve en est que la mort des personnages n’est pas inéluctable.

Du dépaysement et des bains de sang.

Une fois tous ces concepts de jeu assimilés, Pathfinder fait la part belle à la découverte et au voyage. Les lieux sont innombrables, diversifiés et enchanteurs ; c’est un plaisir de visiter la moindre parcelle de terrain offerte par Owlcat Games. Il y en a pour tous les goûts et les combats sont également réalisés à la perfection. Quelle joie de retrouver un système de « pause active » pareillement maîtrisé ! Contrairement aux deux jeux PoE, où les combats étaient bien souvent illisibles, ici il n’en est rien. Même si les ennemis sont en nombre, on sait toujours qui fait quoi et qui lance quoi. Un véritable travail d’orfèvre.

Si, à faible niveau, vous devrez souvent vous reposer, plus le jeu avance et plus vos personnages se transformeront en véritables maîtres de guerre disposant d’un nombre de sorts, buffs et capacités tout bonnement hallucinant. Les combats pourront donc s’enchaîner rapidement. Veillez simplement à prendre assez de rations pour les escapades en intérieur. Ce matériel est indispensable pour pouvoir se reposer et récupérer ses sorts et points de vie lors des aventures dans des donjons parfois très longs où les ennemis rôdent à toutes les encablures. Si le système de repos de base est bien trop contraignant (voire totalement démoralisant) il est possible, fort heureusement, de le modifier dans les options en début de partie. Selon votre choix, certaines blessures ou malédictions seront impossibles à soigner. Il est donc recommandé de s’épargner des allers-retours abondants et envahissants dans votre capitale en permettant aux repos de soigner un maximum d’affections. En prenant en compte le compte à rebours du jeu, il vaut mieux s’épargner une difficulté supplémentaire dans un jeu qui n’en manque pas.

De la lecture et de l’aventure

Les quêtes dans leur quasi totalité sont d’une bluffante qualité. Le jeu, bien que verbeux, ne lasse jamais par ses lignes de textes. Un astucieux système de lexique nous permet à tout moment durant le dialogue de nous rafraîchir la mémoire afin de déterminer si tel ou tel déité, lieu, personnage, événement nous était sorti de la tête.

On ressent à chaque instant le travail colossal fourni afin de rendre cet univers richissime cohérent, que cela soit pour la quête principale ou secondaire. Mention spéciale pour les quêtes des compagnons extrêmement bien écrites et qui s’étalent sur la presque totalité du titre. A la manière de The Witcher 3, on en vient parfois à ne plus savoir si nous accomplissons une mission secondaire, une quête de compagnon ou la trame principale tant l’écriture est de qualité absolue et tant les éléments s’emboîtent à la perfection.

Challenge certifié et joie décuplée

Venir à bout de Pathfinder Kingmaker est un vrai tour de force. Non pas pour une question de qualité mais de par son contenu colossal et son défi tortueux. Ce n’est pas un jeu à recommander au joueur qui pense s’y atteler 1 ou 2 heures de temps à autre. Pathfinder Kingmaker nécessite un investissement conséquent et une application certaine. Malgré ces quelques défauts, le titre d’Owlcat est une merveille. A bien des égards, nous pouvons enfin crier haut et fort que l’héritier de Baldur’s Gate 2 est enfin arrivé. Après plus de vingt ans, il était temps ! Bref, amateurs des jeux de rôle en vue isométrique, réjouissez-vous et usez et abusez de ce chef-d’œuvre à la durée de vie colossale, à la rejouabilité infinie, à la profondeur d’écriture rarement atteinte, à l’immersion totale, au système de combat jouissif, à l’ univers opulent, à la patte graphique enchanteresse, bref, à Pathfinder Kingmaker.

9

Critique réalisée sur Xbox Series X à partir d’un code fourni par l’éditeur

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