Le tome 1 de Bloody Cruise nous avait laissé une bonne impression et nous attendions avec quelque impatience la suite. L’histoire de ce manga d’horreur teinté de fantastique écrit et dessiné par Yû Satomi et édité par Omake Books, se présentait comme étant une sorte d’escape-game sur une paquebot. Le rythme était haletant et le premier volume se dévorait d’une traite. Quid de la suite ?
Un tome 2 décevant…
Autant le dire tout de suite, ce tome 2 s’avère être une déception. Clairement moins prenant que le premier, il s’est avéré être assez pénible à lire. On tire ici un trait sur la famille attachante du tome 1 et aussi sur les quelques traits d’humour qui ponctuaient le manga. Le fantastique, au sens littéraire du terme, disparaît puisque l’hésitation s’envole. Nous sommes maintenant sûrs que ce qu’il se passe sur ce bateau est de l’ordre du surnaturel. Celui-ci n’est en effet rien d’autre que le lieu d’un gigantesque buffet pour vampires très méchants et affamés. Plus aucun personnage ne cherche à maintenir l’illusion que tout est normal. Tout le monde est au courant et la tension retombe comme un soufflet. Ce qui maintenait le lecteur en haleine disparaît : il n’y a plus aucun mystère et il est juste montré des êtres humains pas très intéressants essayant d’échapper à des vampires peu charismatiques. C’est comme si la première scène du tome 1 se répétait, sans saveur. Peu d’explications sont données et on ne cherche pas ici à justifier un tant soit peu le surnaturel. C’est comme ça et puis c’est tout ! Les personnages humains sont d’ailleurs peu surpris de ce qui se passe et ne se posent pas trop de questions. Cela rend l’ensemble du tome beaucoup moins anxiogène. On enchaîne les scènes plus ou moins gores et gratuites sans sourciller et le manque de surprise crée l’ennui. On oublie qu’on est sur un bateau et le thème de la croisière n’est plus exploité. En effet, l’action pourrait très bien se dérouler autre part, bien que l’on essaye de prétendre le contraire sur une page. C’est dommage. L’idée d’un escape-game sur un bateau a été perdue de vue et on ne sait d’ailleurs pas du tout où en est le paquebot dans son trajet. Bloody Cruise est devenu juste Bloody ; et un bloody peu palpitant. La fin est le seul moment un peu haletant et le cliffhanger nous pousse tout de même à poursuivre notre lecture et à ouvrir le volume suivant.
… mais un tome 3 qui relance notre intérêt pour la série !
Après la déception du tome 2, nous craignions un peu la lecture du troisième volume mais il s’avère que Yû Satomi redresse la barre ! Davantage d’explications sont données sur la situation dramatique et le monde des vampires est bien développé – avec quelques pointes d’originalité comme une importance attachée au groupe sanguin des victimes. Certains personnages principaux que l’on suivait dans le volume 1 sont à nouveau mis en avant et la trame avance. L’histoire rebondit bien sur le cliffhanger final du volume 2 et plusieurs flash back (malheureusement pas toujours bien mis en avant par le dessin) permettent de l’expliquer, le justifier, et de se familiariser également davantage à certains personnages. L’un d’eux se prénommant Kakeru et ayant sympathisé dans le tome 1 avec la petite famille principale, prend de l’importance et orne d’ailleurs la couverture de ce troisième tome. Il devient clairement le héros de cette histoire et se montre attachant dans sa lutte intérieure (pas possible d’en dire plus sans spoiler). Par ailleurs, la thématique du bateau en pleine mer est à nouveau exploitée correctement. Malgré tout, certains passages manquent encore un peu de saveur et l’émotion n’est pas toujours palpable (enchaînements trop brusques, dessins maladroits…). Les méchants manquent de subtilité et ne semblent avoir rien de bon en eux. On est tout de même face à un monde binaire et bien qu’un peu de noirceur habite les gentils, les vampires, eux, ne sont que des monstres cruels. Il n’y a que le personnage se présentant comme le chef de la meute qui, pour l’instant, est un peu travaillé.
Ainsi, le troisième tome relève un peu le niveau du second qui était particulièrement décevant et relance notre intérêt pour la série – qui doit se conclure à la fin du cinquième volume. Le cliffhanger final tient à nouveau en haleine et l’on a envie d’en savoir encore plus sur l’origine de toute cette horreur et sur le passé de celui qui s’avère être le « chef des méchants », c’est-à-dire le responsable de ces croisières horrifiques sanguinolentes.