Critique : Empire of Sin

Astiquez vos Tommy Gun, ajustez vos borsalinos ! Les affaires reprennent. Les Studios Romero games, fondés par John Romero lui-même, nous proposent d’incarner un gros bonnet de la pègre en pleine prohibition dans un jeu mêlant combat tour-par-tour et gestion économique d’un empire du crime.

Là où la franchise « Mafia » nous proposait d’incarner un porte-flingue, ici nous sommes aux commandes du boss. Celui qui tire les ficelles. Cependant, vous devrez vous salir les mains. Attendez-vous à devoir régler tout un tas de problèmes à coups de pétoires pour notre plus grand plaisir. Car n’oublions pas que le jeu n’est pas uniquement un Sim City du grand banditisme, c’est également un jeu de combat tactique au gameplay classique à l’instar d’un certain X-COM.

C’est en vue aérienne que l’on arpentera les rues malfamées de Chicago en compagnie de nos hommes de main. Les nostalgiques se rappelleront de Fallout ou Baldur’s Gate. Une époque où ce style de RPG avait la cote. Et quelle époque ! Le studio en charge de cette œuvre sont de vieux briscards du jeux vidéo à ma grande satisfaction.

Un peu d’Histoire

Nous sommes en 1920. Les élites de l’époque composées de politiciens, d’ecclésiastiques et autres personnes influentes, toutes issues de hautes écoles de prestiges et renommées dans le monde entier, sont arrivées de concert, dans leur grande sagesse, à la conclusion suivante :

« Si l’alcool rend méchant, supprimons l’alcool et les gens deviendront gentils ! ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ces derniers obtinrent un amendement rendant l’alcool totalement prohibé. Nous voici à l’époque de la prohibition.

Dès lors, les spiritueux sont devenus un produit luxueux uniquement disponible au marché noir et vendu à prix d’or. Qui dit marché noir dit criminalité et tout ce qui va avec.

Mais ne nous attardons pas en leçons d’histoire et en débats politiques inutiles, nous ne sommes pas là pour ça ! Mais plutôt pour profiter du contexte mis en scène dans ce jeu en défouraillant joyeusement les gangs adverses et en se glissant dans la peau d’un as du crime organisé pour notre plus grand plaisir.

En parlant d’as du crime, le jeu en propose plus d’une douzaine comme avatar au départ de l’aventure. Dont un certain Al Capone, rien que ça. Eliott Ness doit se retourner dans sa tombe. Lui qui a passé une bonne partie de sa vie à le faire tomber. Et voilà qu’on s’amuse à devenir lui. Je m’égare…

Ces gangsters sont tous issus de gangs différents et ils ont tous leurs spécialités. Certains sont habiles au corps à corps, aux armes à feu, d’autres sont plutôt versés dans l’art de la persuasion, la gestion, etc.

Toutes les plus grandes familles mafieuses tristement célèbres sont représentées. Il y a la mafia italienne, les triades, les mexicains, la mafia irlandaise et j’en passe. Et main dans la main, ils décidèrent de s’unir malgré leurs différences dans un but commun. Non je plaisante…

En fait c’est une succession d’alliances, de trahisons, d’assassinats et de guerre des gangs toutes plus sanglantes les unes que les autres. Le tout arrosé d’un déluge de pruneaux. Et c’est très bien comme ça. Qui se ressemble ne s’assemble pas.

Les trois corruptibles

Vous commencez le jeu avec pas grand chose. Vous débarquez à Chicago, quelques dollars en poche ainsi que votre volonté inébranlable de fonder un empire. Et c’est tout.

Le chauffeur de taxi qui vous conduira au centre-ville dès votre arrivée fera office de guide didacticiel histoire de vous mettre au parfum.

Rapidement vous constituerez une équipe de trois gangsters et votre première tâche sera de « vous octroyer un bien immobilier ». En truandais, ça veut dire « tuer tout le monde dans l’immeuble ». Ensuite vous pourrez en faire un bar, un bordel, un casino, bref un établissement peu recommandable qui rapporte gros.

On peut différencier 2 sortes d’immeubles à capturer. Ceux qui appartiennent déjà aux gangs rivaux et ceux, dit neutres, occupés par des « brutes ». Tuer ces derniers n’aura pas de conséquences directes sur vos relations avec les autres familles mafieuses. Sachez tout de même qu’ils vous ont à l’œil. Votre progression est épiée par vos concurrents avec quelques fâcheuses déconvenues. Nous y reviendrons.

A la manière d’un Fallout ou d’un Xcom, vous pourrez équiper vos gredins avec toutes sortes d’armes à feu, protections, consommables que vous aurez looté lors de vos combats. Ils prendront de l’expérience et deviendront de plus en plus efficaces comme dans tout bon RPG qui se respecte.

Parfois il faut se salir les mains

Le système de combat est classique. Il n’invente pas grand-chose. Chaque protagoniste peut utiliser 2 points d’action par tour. Un damier apparaît pour vous indiquer jusqu’où vous pouvez courir. Un tir d’arme automatique demande 2 points d’action, un tir d’arme de poing vaut 1 point d’action. Il y a la capacité vigilance qui permet de surveiller une zone afin de tirer sur tout ce qui bouge dans ladite zone. Cette dernière demande 1 point d’action mais termine le tour si vous la choisissez en premier. Et il y a d’autres actions comme recharger, changer d’arme, se mettre à couvert, etc. Une mécanique bien rôdée par de nombreux jeux précédents et qui a fait ses preuves.

Le rendu sonore des armes et leurs animations sont réussis. Les mitraillettes, fusils à pompe et mitrailleuses font un boucan pas possible et les bruits des impacts sont sympas. Cela donne une impression de gunfight intéressante pour des combats tour par tour. En revanche, l’intelligence artificielle est au fraise. Les ennemis sont de vrais kamikazes et n’hésitent pas à courir comme des lemmings sous le feu croisé de mes picciotti. Parfois ils courent comme des dératés pour se mettre à couvert à côté de mon personnage. C’est très drôle mais pas intéressant d’un point de vue tactique. Et cela rend les combats parfois un peu faciles.

Salut à toi jeune entrepreneur !

Nous arrivons à la partie la plus étoffée du jeu. C’est-à-dire la gestion de cet empire. Ce n’est pas le tout de capturer des territoires, il faut maintenant le gérer et générer des revenus.

Pour commencer, parlons de la zone de jeu. Elle se divise en 5 quartiers. Pour contrôler un quartier il vous faudra posséder plus de 50% des immeubles et y implanter une planque qui sera votre QG. Pour investir dans une planque dans un nouveau quartier, il vous faudra nommer un lieutenant (un affranchi). Ce dernier sera le gérant du coin et travaillera directement pour vous.

Différents tripots sont à disposition. Nous avons les bars, les bordels, les casinos et les hôtels. Les bars sont les plus rentables mais demandent d’être approvisionnés en alcool. Vous devrez posséder autant de brasseries que nécessaire pour les alimenter. Les bordels rapportent moins mais ne doivent pas être approvisionnés. Chaque bâtiment confère des bonus différents.

De plus, il est possible de faire des synergies entre vos tripots. Par exemple : un bar, un bordel et un casino dans le même secteur amèneront de la clientèle dans la zone et augmenteront le revenu de ces trois établissements. C’est dommage que le jeu n’intègre pas les synergies dans le didacticiel car mine de rien c’est une composante importante dans l’économie de votre petite entreprise.

Plus vous avancerez dans le jeu, plus la gestion prendra le pas sur l’action. Les gangsters que vous engagerez gagneront en responsabilités et feront le sale boulot pour vous. Cela va de la gestion de vos biens aux assassinats et actions de guérilla contre vos concurrents.

C’est mauvais pour les affaires

Les gangsters ne sont pas connus pour leur savoir-vivre. Ils ont un tempérament impulsif et imprévisible. C’est pourquoi il faudra gérer leur humeur. Ainsi les dialogues ont leur importance. Comme dans bon nombre de RPG, il y a plusieurs réponses possibles lors d’un entretien avec un PNJ ou avec l’un de vos partenaires. Et attention, pesez bien vos mots car ils auront des conséquences directes sur les événements. Par exemple, parler de manière trop directe à l’un de vos sbires peut le pousser à prendre la porte sur le champ. Parfois c’est une vraie catastrophe car vos hommes de main prennent de l’expérience, du grade et des aptitudes qui servent vos propres stratégies de combat.

Sachez que si vous ne pesez pas vos mots, ils peuvent partir dans la seconde. Il faut parfois se montrer conciliant ou très dur. C’est au feeling. Finalement, cela fait partie des devoirs d’un vrai chef. Vos gangsters peuvent également tomber amoureux entre eux. Et si l’un est blessé dans un combat, l’autre se verra booster par la rage et dégommera de nombreux ennemis. Par contre, si l’un meurt, son soupirant peut tout simplement quitter le groupe. Bref, vous serez à la fois directeur, psychologue et responsable des ressources humaines. Mais rassurez-vous, dans le milieu du crime la plupart des tracas se résolvent avec du blé ou des pruneaux. À votre guise.

Devenir Caïd à la place du Caïd

Vous l’aurez compris, dans cet univers-là on joue des coudes. Pour ce faire, le jeu vous oblige à être attentif à une quantité très variée de paramètres. Que ce soit pour les affaires ou pour le combat. Et de manière très habile tous ces éléments sont liés entre eux. L’humeur de vos partenaires influencera leur combativité. Les affaires prospèrent permettent d’obtenir un meilleur armement et du personnel de qualité. Et la communication adaptée aux circonstances maintiendra de l’ordre au milieu de tout ce petit monde. Par communication, comprenez menace, chantage, pot de vin, etc.

N’oublions pas les leaders de vos concurrents qui ont aussi leur saute d’humeur. Ils ont tendance à se sentir vite menacés et ne tarderont pas à vous le faire savoir. Si vous vous sentez plus fort qu’eux, éradiquez-les. Si au contraire ils sont bien implantés dans le secteur et semblent être plus puissants que vous, organisez des pourparlers et trouvez un arrangement comme une alliance ou un dessous de table. Et plus tard, éradiquez-les…

Ce qui compte c’est la beauté intérieure

Empire of Sin n’est pas une vitrine technologique. Autant le dire tout de suite, on en prend pas plein les mirettes. Mais ce n’est pas vilain non plus, c’est juste le minimum syndical. Les personnages sont tout de même détaillés et très variés.

Le level design est bien fichu et authentique. Les différents quartiers sont réalistes, fidèles à l’époque. Il y a de la vie dans les rues. Les vieilles bagnoles encombrent les rues, les badauds déambulent aux sons des vieux klaxons. L’ambiance est réussie. On se sent dans les années 20, il n’y a aucun doute.

La bande-son nous accompagne avec quelques excellents morceaux de jazz qui nous rappellent avec nostalgie tous les vieux films cultes de gangster. Elle est essentielle à l’immersion.

Parlons maintenant du problème majeur, les temps de chargement. Ils sont longs et très nombreux. Avant même d’arriver dans les menus il y a 2 temps de chargement. Et dans le jeu je n’en parle même pas. Les bugs sont également fréquents comme certaines fonctions qui ne s’activent pas au premier essai ou lorsque que l’on reste accroché à un décor.

L’interface est très brouillonne. En fait, il y a une quantité affolante d’informations à l’écran des menus qui concerne la gestion de votre empire. Et lorsque l’on sélectionne les informations souhaitées, une info-bulle se superpose sur les informations de cette dernière. On s’y fait, mais il faut se faire violence.

Conclusion

Amateur de jeux contemplatifs, passez votre chemin. Le jeu ne vous flattera pas la rétine et il s’en moque ! Car ce n’est pas du tout ce qu’il cherche à faire. Il conviendra aux joueurs matures qui recherchent des défis tactiques et de la prise de décisions. La vie d’un gangster est incertaine car il évolue dans une monde violent constamment en proie aux attaques sournoises de différente formes. Tout peut basculer à tout moment.

C’est donc la capacité à improviser et à régler les problèmes de manière rapide et efficace qui est mise en avant dans ce jeu. Un rival vous menace ? Versez-lui un pot-de-vin si vos finances vous le permettent ou supprimez-le. À vous de voir, mais attention aux conséquences.

Le jeu demandera un effort d’adaptation au début. Ces temps de chargement trop nombreux en rebuteront quelques-uns. Mais quand les revenus commencent à grimper et que l’alcool coule à flot dans nos bars, il y a cette impression de satisfaction et cette volonté d’avancer un peu plus. Alors on agrippe notre fusil mitrailleur Thompson, on arme sa vieille culasse dans un délicieux vacarme métallique et on sort dire bonjour aux concurrents dans la joie et la bonne humeur.

7

Critique réalisée à partir d’une version Xbox one envoyée par l’éditeur

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