Chronique : Sensor par Junji Ito

Le label Mangetsu, nouvellement créé par les éditions Bragelonne, s’offre le luxe de lancer une collection dédiée à l’un des maîtres de l’horreur en manga, Junji Ito. Alliant un style graphique inégalable à une narration haletante dans l’escalade vers la terreur, Ito produit avec Sensor un petit bijou d’horreur cosmique.

Hideo Kojima écrit sans exagération dans sa préface de l’ouvrage : “Junji Ito n’en a sans doute pas conscience, mais c’est un génie.” Génie du dessin, cela ne fait aucun doute quand au hasard des cases et des speed lines Junji Ito parvient à nous transporter. Clair, précis, incisif, réaliste, son trait convient parfaitement à un manga d’horreur, faisant transparaître ici une angoisse naissante, là un visage terrifié ou encore une entité cosmique que ne renierait pas Lovecraft. 

Cosmique car Sensor nous emmène vers le face-à-face entre une humanité infiniment petite et un univers immuable, vertigineux. A l’origine prévu comme étant un voyage de l’un des personnages principaux, Kyoko, Sensor s’est mué en récit narré par un journaliste en quête d’info. Deux éléments du manga nous auront particulièrement marqué (affecté ?) : l’originalité d’une histoire dans l’Histoire des chrétiens japonais, persécutés par le shogun, s’intégrant parfaitement à une narration horrifique.

Second élément marquant : un chapitre consacré aux miroirs routiers si communs dans les villes et villages nippons, mettant en scène une certaine Beniko, dont certaines apparitions nous auront terrifié. Junji Ito parvient à réaménager certains éléments du réel, aussi banals soient-ils, dans une narration inventive et originale, extrêmement plaisante à lire. 

Un mot sur l’édition de Sensor et plus généralement de la collection dédiée à Junji Ito chez Mangetsu : de la qualité du papier offrant un rendu des contrastes (indispensables pour un titre se fondant autant sur son atmosphère) à la couverture cartonnée, on ne peut que saluer l’effort qui a été fourni afin de rendre hommage au récit de fort belle manière.

Reprenant des thèmes classiques de l’horreur cosmique, comme l’affrontement de l’humain à l’infinité de l’univers tout en abordant des sujets aussi originaux que surprenants, Sensor s’appuie sur une structure narrative et un découpage procurant des sensations plus terrifiantes que jamais, exacerbées par un style graphique magnifique. Une lecture indispensable de cette rentrée. 

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