Le label Mangetsu des éditions Bragelonne n’en finit pas cette année de proposer de très bonnes séries. Tout au bout du quartier est cette fois un recueil d’histoires courtes baignant soit dans l’anecdotique du quotidien, soit dans le fantastique le plus imaginatif qui soit. Extrêmement varié dans son contenu, aux tons et styles graphiques allant du comic strip humoristique au réalisme terrifiant de certaines anticipations, ce livre mérite notre attention.
Ce qui marque en premier lieu lorsqu’on tourne les pages de ce recueil et qu’on passe d’une histoire à une autre, c’est la grande variété des styles graphiques : Pump Sawae change de style comme on changerait de casquette. En effet, certains récits sont dessinés avec une grande fidélité au réel quand d’autres s’approprient le style comic strip (on pense aux Peanuts, par exemple). Certaines cases, ultra dynamiques, sont également imprégnées d’une grande fluidité. On pense au récit “Futur, à l’aube” cette fois, qui met en scène des personnages jouant au baseball.

Dès qu’il s’agit de traiter du fantastique, Pump Sawae se permet un style très détaillé (“La ville de la fumée”) qui sort de ses habitudes. Parler d’expérimentation graphique n’est pas usurpé ici, et c’est l’autre force de cette patte graphique capable de surprendre le lecteur d’une page à l’autre.

Sur le plan scénaristique, inutile de préciser que les récits sont aussi variés que l’imagination de Pump Sawae est vaste. De récits fantastiques à des anecdotes relevant du quotidien, en passant par de la SF ou de l’anticipation, Tout au bout du quartier est un recueil d’histoires très hétéroclites, et de qualité malheureusement inégale. Certaines histoires en une page n’ont que peu d’intérêt quand d’autres en plusieurs expérimentent une narration et un style assez intéressant pour captiver. Les histoires en une page voient leur chute souvent rater le coche et ne pas percuter sur le plan humoristique.

Pump Sawae nous propose avec ce recueil d’histoires courtes de déambuler dans son imaginaire touffu, voire dans ses fantasmes autobiographiques romancés. De qualité malheureusement inégale, les scénarii sont bien plus intéressants développés en quelques pages que sur une seule. Les chutes des “histoires en une page” tombent malheureusement trop souvent à l’eau. La grande force de ce recueil vient de la puissance de l’imagination de son auteur, baignant dans le fantastique, de la variété des styles et des histoires et enfin de l’excellente patte graphique du mangaka, impressionnant souvent par son dynamisme et sa fluidité comme par sa simplicité très “comic-strip”.