Critique : Disco Elysium The Final Cut

Quel étrange objet vidéo ludique que cette proposition estonienne! Polar sombre et comique passant de papier à pixels ? Jeu de rôle isométrique à l’ancienne ? Allons-y pour « polar-rpg ». Voilà comment je qualifierais brièvement le titre de ZA/UM Studio.

L’aventure commence dans une chambre d’hôtel. Notre personnage se réveille avec une gueule de bois stratosphérique qui n’a rien à voir avec la gueule de bois bien costaude qui vous fait oublier quelques bribes de votre soirée. Ici, nous avons affaire à du jamais vu: notre pauvre inspecteur ne se souvient de rien, même de son prénom ou de son metier. Admettez que résoudre une affaire de meurtre en partant de ce postulat risque de durer long!

D’entrée, vous serez un peu tancé.e dans ses mécaniques de jeu. Disco Elysium ne ressemble à rien de ce que l’industrie nous offre d’habitude: tantôt RPG, tantôt un semblant de « point n click », le titre estonien semble à chaque instant redistribuer les cartes du ou des genres auquel(s) il se rapproche. Il faudra tout de même un certain temps d’adaptation afin d’en comprendre les rouages.

La première chose à comprendre ici est que tout le jeu se fera uniquement par des dialogues. Ici, aucune épée, flingue, sort ou quoi que ce soit. Si vous n’aimez pas lire, fuyez! Et, même pour les gens qui aiment bien les jeux verbeux comme Pathfinder ou Pillars of Eternity dernièrement, vous êtes encore bien loin du compte. Vous passerez bien 95% de l’expérience à lire des dialogues. N’espérez pas un petit combat de-ci de-là pour vous changer les idées, il n’y en aura pas.


Et l’écriture, parlons-en! Je dois dire que sur les vingt-cinq dernières années, les jeux offrant un tel niveau se compte sur les doigts d’une main, Disco Elysium se place aux côtés de jeux tels que Baldur’s Gate 2, The Witcher 3 ou encore tout dernièrement les 2 Pathfinder. C’est tout simplement remarquable. Fort heureusement d’ailleurs vu que vous n’allez faire en gros que ça, lire des dialogues.

L’ambiance générale du titre est très sombre, voir déprimante. Cette atmosphère est sublimée par une excellente réalisation. Le quartier de la Martinaise dans la ville de Revachol est un endroit plutôt populaire et très pauvre. Victime des jeux politiques, de révolutions douloureuses et de la perte de son statut de cité-État, Revachol a sombré et ça se ressent à chaque instant. Petit regret concernant la réalisation globale du titre, la musique qui reste très en retrait.
Même si le jeu se passe dans un monde imaginaire, les références à notre société sont légions. Parfois bien comiques, par moment bien senties, c’est un délice de chaque instant.

« Désarçonnant », c’est certainement le mot qui résumera au mieux mon expérience de Disco Elysium. Ou peut-être « ennui ». Non pas que le jeu soit mauvais, au contraire il est à l’opposé de cela, brillant. Brillant il l’est, certes, sous bien des aspects. Mais à aucun moment je n’ai été pris dans cette histoire.
Si d’habitude les jeux verbeux sont clairement ma marotte (et ce n’est pas faute d’avoir essayé), Disco Elysium m’a tout du long laissé sur les rives de Revachol. 

7

Critique réalisée sur Xbox Series X à partir d’une version fournie par l’éditeur

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