Yurukill The Calumniation Games est un titre des studios G.Rev proposant une formule originale : un visual novel orienté enquête policière justifiant des phases de shoot’em ups “psychologiques” par son scénario. Faisant figure d’ovni sur le papier, qu’en est-il réellement une fois lancé sur Nintendo Switch ?
Le Yurukill est un jeu réunissant des participants en partie prisonniers et en partie bourreaux, qui doivent atteindre une dernière étape pour prouver leur innocence pour les uns ou assouvir leur vengeance ou découvrir la vérité pour les autres. Le concept du jeu de survie de type “télévisé” mis en place par une entité inconnue reste certes éculé dans les productions japonaises de toutes sortes (manga, cinéma, drama), pourtant il se dégage de Yurukill une grande qualité à plusieurs niveaux, qui impose une bien belle addiction après quelques heures de jeu.
Les dialogues et doublages sont en effet très bons (heureusement au vu de leur prépondérance dans un visual novel) et provoquent parfois un rire franc de la part du joueur, à la fois surpris par certains passages complètement rocambolesques et admiratif de la qualité graphique du character design, vraiment superbe. Peu client de ce type de gameplay d’habitude, l’auteur de cet article, assez réticent au premier abord, n’en est que plus agréablement surpris. Afin de prouver leur innocence, les prisonniers doivent enquêter dans des environnements retraçant leurs crimes respectifs. Les bourreaux (en quête de vengeance ou de vérité) pouvant mettre fin à leurs jours d’une simple pression du doigt sur une tablette tactile, la tension est à son comble durant les phases de recherche et de résolutions d’énigmes.
Ces énigmes, nombreuses, sont réellement intéressantes et proposent parfois un challenge nécessitant un minimum de connaissances mathématiques, par exemple, ce qui n’est pas sans nous déplaire. Dans l’ensemble, les phases de recherche et d’interactions entre les personnages ne sont pas sans rappeler un certain Phoenix Wright dont les épisodes paraissent régulièrement chez Capcom, ce qui est loin d’être une mauvaise référence.
Les séquences de shoot’em ups, justifiées par le scénario par une ultime tentative de convaincre son bourreau de son innocence, sont entrecoupées d’interactions entre les personnages. Du shmup psychologique, nous direz vous ? Ce serait ce à quoi pourrait faire penser Yurukill, qui offre la possibilité au joueur de répondre à des questions nécessitant de bien connaître le dossier de l’enquête afin d’engranger un maximum de vies en amont de la partie, ou encore d’évoluer avec son vaisseau dans un “labyrinthe de la conscience” (qui n’est pas graphiquement sans rappeler Rez) où il s’agit de correctement répondre à certaines questions pour ne pas perdre de vies par paquets.
La partie shoot est plaisante et de qualité, quand bien même on aurait préféré un moteur graphique proposant plutôt du pixel art, en lieu et place de cette “3D dans un gameplay 2D”. Mention très bien au mécha design, puisque le vaisseau de base est aussi réussi que certains immenses méchas qu’il doit affronter. Les plus adeptes d’action shmup pure et dure seront sans doute rebutés par la tendance du titre de G.Rev à la parlote entrecoupant les phases de tir, qui n’en restent pas moins de qualité.
N’étant pas intéressés d’habitude par les Visual Novels et encore moins ceux qui mettent en scène une sorte de jeu télévisé téléphoné où des personnages doivent s’affronter pour “survivre” (un peu éculé comme concept, tout de même), Yurukill ne remplissait pas le cahier des charges du jeu qui pouvait nous plaire – en tout cas pour moitié, car les shoot’em ups sont plutôt notre dada. Le titre de G.Rev en devient d’autant plus une excellente surprise une fois pris en main. Scénario très bien ficelé et haletant, qui réserve son lot de rebondissement, character design de qualité, parties shoot’em ups réussies, justifiées malgré tout par un n’importe quoi finalement jouissif, Yurukill The Calumniation Games apporte très largement son lot de fun, proposant une formule originale, certes parfois résolument grotesque, mais extrêmement addictive.
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Critique réalisée sur Nintendo Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur