Influencé de son propre aveu par Shadow of the Colossus ou le kintsugi, Quentin Rigaud s’est lancé dans l’écriture d’une première série, Mortesève. Ne s’appropriant ni les codes de la science-fiction, ni ceux de la fantasy, il a créé un univers réellement unique, mettant en scène des créatures originales et des personnages aux intérêts divergents, refusant un manichéisme trop classique. Cet univers fait tout le charme de cet ouvrage.

Des créatures gigantesques, considérées comme des divinités, rythment les saisons. Hang, incarnant la fertilité, revient périodiquement dans le cadre d’une célébration. Mais cette fois sa venue se fait attendre et Avine perd tous les siens, famille comme habitants de son village, probablement par la faute d’Orgue, autre immense créature. Elle échappe à un sort funeste grâce à l’absorption d’une sève par son organisme, et se met à la recherche de Hang et de son frère.

Mortesève surprend aussi bien sur le plan graphique que sur le plan scénaristique. La patte de Quentin Rigaud est en adéquation avec cet univers original, surtout pour dépeindre une nature omniprésente, ou dans l’inventivité de  certains designs, très réussis. Nous avons été moins séduits par les personnages ou certaines séquences d’action.

Ce premier volume de Mortesève offre un dépaysement onirique indéniable, en attestent les designs de Hang et Orgue, les immenses créatures au centre de l’intrigue. Nous avons été moins séduits par le fond, qui dépeint une quête de sens, comme des personnages certes pas manichéens mais pas toujours passionnants, comme Koroth, qui prend pourtant en épaisseur au fil du scénario. Plaisant et surprenant, Mortesève promet d’étoffer son univers dans les volumes suivants.