Critique : The Last of Us Part II

Bien que nous ayons reconnu d’immenses qualités à The Last of Us premier du nom, nous n’avions pas adhéré à l’énorme engouement autour du titre de Naughty Dog en 2013, tant nous trouvions au jeu quelques défauts, liés principalement au sujet abordé : la décennie précédente n’a pas été avare en la représentation de zombies et d’infectés, tous médias confondus, jusqu’à l’overdose, ce qui pouvait expliquer notre réticence. Ainsi, nous attendions The Last of Us Part II avec un peu d’appréhension, jusqu’à être totalement happé par cette oeuvre dès les premières heures de jeu. Ce jeu vidéo est  avant tout un voyage sous forme de chasse à l’homme, une oeuvre  sur la vengeance, dont on ne ressort pas indemne.

The Last of Us Part II nous dépeint un monde post-apocalyptique qui se dégrade toujours un peu plus, du fait d’une pandémie transformant les êtres humains en monstres défigurés et agressifs. On parcourt la région de Seattle (principalement) comme on pourrait parcourir les vestiges d’une civilisation disparue en 2013, la nôtre, où la nature a repris ses droits. A l’instar de The Walking Dead, les pires ennemis des survivants ne sont pas les infectés mais bien eux-mêmes puisque plusieurs factions humaines s’affrontent. L’une des forces du titre, qui narre une terrible histoire de vengeance, est de donner deux points de vue à la même trame scénaristique, puisque deux personnages différents et antagonistes sont différents. On passe ainsi du statut de chasseur à celui de proie, et inversement, après des twists réellement bien pensés, tenant le joueur en haleine durant un peu plus d’une trentaine d’heures.

Chasseur et proie, car c’est bien d’une chasse à l’homme dont il s’agit dans The Last of Us Part II, une chasse à l’homme uniquement guidé par le désir de vengeance, un désir qui consume, ronge de l’intérieur, affaiblit et renforce à la fois. Jamais on n’aura vécu une expérience aussi immersive, décrivant de façon aussi grandiose ce désir, et ce, quel que soit le média utilisé. C’est ni plus ni moins la grande force du titre, qui transmet cette hubris de la façon la plus magistrale qui soit. Tous les aspects de la réalisation et la narration contribuent à faire ressentir au joueur un panel d’émotions très variées, dont certaines n’auront jamais été ressenties auparavant en parcourant un jeu vidéo. Le titre de Naughty Dog, franchissant un nouveau cap, parvient à devenir absolument inégalable pour le moment. On pourrait même supposer qu’il y aura un avant et un après The Last of Us Part II sans prendre trop de risques, tant l’expérience est unique en son genre au jour d’aujourd’hui.

Pour autant, le titre n’est pas exempt de quelques défauts, et nous avons même parfois été confronté à quelques bugs d’affichage (deux fois seulement) ou quelques crash de parties (deux fois également). Nuisant aussi un peu à l’immersion, l’IA de notre binôme n’est pas toujours des plus clairvoyante lors des phases d’infiltration. Mais une fois le jeu terminé, ces quelques défauts sont vite pardonnés, tant The Last of Us Part II et son finale nous auront marqué d’une empreinte indélébile, tel le tatouage qu’Ellie (l’une des protagonistes principales du jeu) arbore sur son bras droit. L’action est assez variée pour tenir en haleine, entrecoupée qu’elle est  de séquences cinématiques ici violentes, et là permettant de souffler un peu dans cet univers plus que féroce et terrifiant, en donnant toujours plus de profondeur aux personnages. The Last of Us Part II propose une mise en scène réellement réussie, et maîtrise parfaitement l’art de l’ellipse et du flashback.

Dépeignant une ultra-violence jamais gratuite, doté d’une magnifique réalisation, d’un excellent sound design ainsi que d’un scénario particulièrement haletant, The Last of Us Part II n’est pas seulement LE chef-d’oeuvre des studios Naughty Dog, c’est tout simplement une oeuvre majeure sur la vengeance, tous médias confondus. Le désir de vengeance, qui nous ronge, nous transforme aussi bien psychologiquement que physiquement, qui anime Ellie, n’a jamais aussi bien été représenté, que ce soit sur petit et grand écran, à travers la littérature, l’opéra ou le théâtre, même élisabéthain. Jamais un jeu vidéo ne nous aura fait ressentir autant d’émotions contradictoires, ne nous aura fait connaître autant de sensations fortes, de chocs psychologiques majeurs liés à une narration digne des plus grands orfèvres du genre. Rarement avons-nous été aussi ébahi devant une réalisation frôlant la perfection photo-réaliste, devant des cinématiques d’une maturité plus que bienvenue. Rarement des séquences de course-poursuite nous auront fait autant vibrer. Rarement  une ambiance globale lourde et sombre aura été aussi bien magnifiée par les musiques d’un titre, que l’on peut qualifier d’exceptionnel. Il est indispensable de parcourir l’opus précédent afin de profiter pleinement de cette seconde partie, très chargée en émotions se référant, justement, à l’épisode de 2013. Etant donné la difficulté que nous avons connu à donner notre ressenti sur un tel titre par de simples mots, submergé par l’émotion encore quelques jours après avoir terminé le jeu, il va sans dire que notre note, aussi maximale soit-elle, ne rend pas encore assez hommage non plus à une telle oeuvre.

Critique réalisée sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur

9

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