A l’heure où la Chine propose de plus en plus de jeux sur consoles de salon, à la réalisation souvent flamboyante, le studio Pixpil fait le pari du pixel art avec Eastward. Edité par le très britannique Chucklefish, le titre était attendu pour sa direction artistique et son gameplay inspiré du J-RPG et des jeux The Legend of Zelda à l’ancienne. Eastward réserve finalement tant d’autres excellentes surprises aux joueurs avides d’action-aventure que nous sommes.
La direction artistique d’Eastward est une véritable réussite, tant sur le plan de la qualité du pixel art et des choix de décors que dans la gestion des lumières par un moteur 3D propre à Pixpil. Difficile en effet de ne pas craquer pour le character design, d’autant que les dialogues plein d’humour rendent les protagonistes du jeu extrêmement attachants. Un héros maniant la poêle à frire pour se débarrasser de créatures diverses et variées dans des hubs de jeu rappelant de classiques donjons, c’est assez unique pour ne pas surprendre. La pôele à frire, d’ailleurs upgradable, permet également de cuisiner des mets faisant office de potions de soin et offrant divers bonus tels une défense ou une attaque accrues. Eastward s’offre le luxe de s’inspirer de la licence Zelda jusqu’à proposer une augmentation du nombre de coeurs des héros grâce à la collecte de quarts de coeurs accessibles en parcourant les aires spéciales de ces fameux donjons.
D’autres armes permettent à John de liquider ses adversaires, comme le fusil à pompe, le lance-flammes ou encore un lanceur de disques aux dents acérées, extrêmement efficace contre certains boss. Il faudra découvrir et maîtriser ces armes au fil de l’aventure pour progresser dans les donjons surpeuplés. Le lance-flammes pour ne citer que lui, permettra d’accéder à certaines zones en brûlant des plantes. Le level design d’Eastward regorge d’énigmes à résoudre, aussi plaisantes et originales les unes que les autres. Ces énigmes se résolvent par la coopération des personnages principaux de ce titre décidément bourré de qualités. John est en effet accompagné d’une gamine, Sam, dont les secrets sont étroitement liés à la narration principale. Elle peut à l’aide de projection d’énergie geler les ennemis ou déclencher des mécanismes en “allumant” certains éléments de décor. Gameplay et level design se voient donc enrichis de cette possibilité.
Il est en effet possible d’alterner en temps réel entre les personnages en appuyant sur les gâchettes afin de terrasser les adversaires. Certes la coopération semble peu originale au premier abord, puisqu’il s’agit de laisser un personnage sur une dalle ouvrant un passage à l’autre protagoniste (ceux-ci peuvent être séparés) qui à son tour pourra par exemple brûler au lance-flammes certaines plantes, permettant l’avancée de Sam, et ainsi de suite. Pas forcément originale, donc, au premier abord, mais réservant d’excellentes et plaisantes surprises dans certains donjons. Car Eastward regorge de bonnes idées : le titre de Pixpil est en effet d’une inventivité à faire pâlir d’envie les meilleurs level designers. Les diverses mécaniques à utiliser afin de progresser dans les donjons sont extrêmement bien pensées.
Concernant la bande-son, Joel Corelitz est parvenu à composer des mélodies parfaitement en adéquation avec cette petite perle du jeu vidéo qu’est Eastward. Certaines envolées typées chiptune sont mémorables.
Lorgnant clairement du côté du J-RPG à l’ancienne et du Zelda-like, le studio chinois Pixpil multiplie dans Eastward les références à la culture nippone tout en gardant une patte artistique, un gameplay ainsi qu’un level design des plus originaux, réservant de multiples surprises narratives, souvent à contre-courant des standards desquels il s’inspire. Assez aisé dans son challenge, il pèche un peu de par la courbe progression de sa difficulté, mais cet état de fait n’entache en rien l’excellence d’un titre qui mérite les superlatifs les plus élogieux tant il parvient à captiver. Le meilleur jeu de l’année 2021. Tout simplement hypnotique.
9
Critique réalisée à partir d’une version Steam fournie par l’éditeur